Animateur sportif à la MJC de Vaulx en Velin, Sifédine Daoudi se lance chaque année, depuis qu’il s’est pris de passion pour la course à pied, un défi des plus fous !

Après de précédents périples, dont entre autres le Marathon des Sables (64° en 2014) ou la Transtica (3° en 2015 sur les 200 km), c’est l’Atacama Crossing qui était programmé (du 30 septembre au 7 octobre) en 2018. Un ultramarathon en 6 étapes (35 , 37,38,47,80 & 13) soit un total de 250 kilomètres à courir pour ce vaudais qui se catalogue volontiers  » un peu inconscient mais surtout comme aventurier ». Un séjour de 18 jours au Chili, dont 7 de course, avec comme première priorité : s’adapter à l’altitude car départ à 3.500 m pour arriver à San Pedro qui culmine à 2.500 m. Quelques séances de footing et de fractionné pour adapter l’organisme aux difficiles conditions à prévoir : changement de parcours et de distances par les organisateurs, ceci la veille d’une course qui aura lieu dans le désert le plus aride du monde !

Au départ dès 8 heures du matin, d’une épreuve « que j’ai découvert en fouinant sur internet et qui est classée par les spécialistes parmi les plus fameuses courses ultra au monde ! » Il ne l’aborde pourtant pas de la meilleure des façons, se retrouvant bloqué, une semaine avant à cause d’un nerf sciatique enflammé. Grâce à un traitement de cheval et la double intervention du Dr Cartaillac et de Jean Louis (ostéo, kiné) il a pu partir avec de simples douleurs !

Pas confiant du tout (vais je avoir mal ou non ?) sur la ligne de départ, au milieu de coureurs de tous horizons (195 nationalités confondues), il revient sur chaque étape :

1) 35 kms : très difficile de partir avec un sac très lourd de 12 kgs notamment dans les montées sur le sable. J’ai connu crampes et tête qui tourne, cela a été une grosse remise en question notamment au niveau du réglage et de la gestion de l’émotion. Je finis 8° à ma grande surprise !

2) 37 kms : une étape très technique avec les pieds dans l’eau sur 3 kms et un courant assez fort. J’ai mieux géré et me suis plus hydraté que la veille en connaissant de meilleures sensations. Je finis 7°.

3) 38 kms : étape très difficile sur un terrain très technique (rocailleux, sableux et instable). Je me suis fissuré 2 ongles, un à chaque pied suite à une chute. Je me classe 6° puis 8° après pénalité de 20 minutes infligée suite manque de matériel obligatoire.

4) 47 kms : beaucoup de dénivelé et de dunes, je cours toujours tout seul. Avec comme technique, celui qui s’arrête le moins, comme un tracteur, c’est ma façon d’être. Je reste dans les 15/16 premiers et je gère. Et à 10 kilomètres de la fin, je rattrape et me classe 6°.

5) 80 kms : la plus grosse étape que tout le monde appréhendait ! Début catastrophique, sur ce qu’on appelait un champ de brocolis, avec marche ou slalom sur 8 kms. Je me re-blesse en retombant, le sang sort de ma basket. J’ai pensé abandonner mais par chance je me suis retrouvé avec un coureur suisse, médecin à Zurich. Il m’a donné un médic, qui a fait son effet après une heure de douleur et on a parcouru ensemble 30 kilomètres. Je ne boitais plus pour courir et cela allait bien mieux, on était toujours ensemble et il m’a dit de ne pas abandonner. Ma victoire était d’arriver à chaque PC et à partir de là, je reprends mon envolée et arrive 6° au 53° km. Au 65°, j’arrive et m’asseois avec plus aucun plaisir ressenti et l’envie de tout arrêter. Je prends mon sac et après un coup de sang, je repars pour 15 kms et marche entre 7 à 8 kms. Puis avec l’euphorie de la prochaine fin, j’ai une montée d’adrénaline. En mettant 12 h pour couvrir les 80 kms, en alternant marche et course, je finis 7° à ma grande surprise.

6) 13 kms : tout allait se jouer sur cette dernière étape, pour finir 6° au classement scratch et avec 8 minutes de retard pour terminer 1° de ma catégorie.

Objectif atteint puisque le vaudais se classe 6° avec un temps total de 35 heures 10′ 41 «  et surtout premier coureur amateur et également de sa catégorie (30/39 ans).

 » J’ai ramené une médaille et un trophée, c’est valorisant pour Youcef, mon préparateur physique, on a travaillé ensemble pendant un an. On a fait de la boxe au sac, du Vtt à Miribel, de la pirogue, du fractionné et j’ai eu la chance de pouvoir m’entrainer durant 8 jours en mars, dans le désert algérien. Avec lui, j’ai progressé de manière phénoménale et sans lui je n’aurais pu faire ce que j’ai fait. Et concernant la course et sans aucune fausse modestie, je ne m’attendais pas à faire cela. A plusieurs reprises j’ai pensé abandonner et c’est une belle revanche après mon opération du genou subie en 2017. Je ne me suis pas surpassé physiquement mais surtout moralement.  Enfin, je tiens à remercier mes différents soutiens: le restaurant Bella Vita, la MJC de Vaulx et Spode pour le matériel ».

Sifédine fêtera ses 40 ans fin février prochain et se dit fin prêt à se lancer  » sur un nouveau défi insolite ou une course farfelue si on veut bien m’inviter ! « 

  • Retrouvez le film de sa course sur : https://youtu.be/9UFW1wtYirM

Pascal OBERSON (Correspondant de presse de l’OMS de Vaulx en Velin)